Sur le site Sciences cognitives, plusieurs articles abordent très justement la question de l’évaluation. C’est une question à laquelle nous sommes tous confrontés et qui m’a fait douter de nombreuses fois.
Pourquoi évaluons-nous ? Qu’évaluons-nous ? Comment l’évaluer de la manière la plus efficace ? Comment le « noter » ?
Dans mes premières années d’enseignement, je faisais ce que nous apprenions à l’IUFM (et oui, à « l’époque » c’était l’IUFM 😉 ) en utilisant les évaluations :
- Diagnostique pour vérifier les connaissances pré-acquises de mes élèves,
- Formative en cours de séquence pour ajuster au fur et à mesure leurs acquis en cours
- Sommative en fin de séquence pour dresser un bilan des connaissances et des compétences des élèves.
Cependant, le principe même des « séquences » dans tous les apprentissages me gênait. Elles impliquaient (pour moi) d’évaluer puis de ne plus revenir sur ces connaissances. Celles-ci finissaient irrémédiablement par être oubliées ou au mieux enfouies très loin dans la mémoire de mes élèves avec une faible chance de réapparition l’année d’après lorsque l’enseignant suivant tenterait de les réactiver…
Lorsque j’ai évolué dans ma manière d’enseigner, j’ai également évolué dans ma manière d’évaluer. J’ai mis en place le système de ceintures qui a entrainé :
- une implication des élèves dans leur évaluation,
- une disparition du stress lié aux évaluations notées trop ponctuelles en fin de séquence avec le passage à une évaluation hebdomadaire, notamment en français et mathématiques,
- une évaluation des acquis au fur et à mesure ainsi que celle constante des anciens acquis (tout étant systématiquement réactivé et donc non oublié).
L’EPCC, l’évaluation par contrat de confiance.
Je voulais cependant aller plus loin et j’ai découvert un moyen grâce au site Sciences cognitives. C’est l’EPCC, l’évaluation par contrat de confiance. Je vous en présente ci-dessous une première synthèse et vous invite à aller lire leurs articles plus en détails !
L’EPCC consiste à changer les modalités d’évaluation le jour J mais aussi, ce qui est très important, les jours précédents l’évaluation, entre le moment où vous annoncez qu’il y aura évaluation et l’évaluation en elle-même.
Ce changement dans la préparation de l’évaluation et la manière d’évaluer permet aux élèves :
- de mieux se représenter leur capacité à réussir,
- d’établir un lien entre le travail accompli et le résultat de leur évaluation,
- d’acquérir des stratégies d’apprentissage.
Je suis convaincue que cette façon de faire viendra compléter efficacement le système de ceintures de compétences (je le mettrai en place notamment en histoire, géographie et sciences).
Pour cela, il faut mettre en place un déroulé précis en suivant un certain nombre de préconisations :
- Annoncer l’évaluation avec un délai suffisant pour que les élèves puissent s’y préparer ;
- Donner dès le départ la liste des connaissances évaluées, les exercices et activités à savoir réaliser et n’évaluer que cela ! Les élèves seront donc incités à préparer et leur travail sera récompensé. La mémorisation sera d’autant plus active et efficace.
- Planifier le travail de préparation et travailler avec les élèves sur ce qu’il faut apprendre et quels exercices ou questions refaire. Le faire plusieurs fois entre le moment d’annonce de l’évaluation et l’évaluation en elle-même. Sur le site, ils vous conseillent de le faire à J-10, à J-7, à J-4, à J-1.
- Ne pas faire une évaluation trop longue mais cibler ce qui vous parait le plus important à retenir. Une évaluation longue et complète, ne fait que mettre en échec certains élèves et n’évalue donc par conséquent pas ce qu’ils ont réellement acquis. Il est également possible de prévoir des questions-bonus pour les plus rapides.
- Fournir des outils pratiques d’aide à la mémorisation (nous y reviendrons dans un prochain article ! 😉 ).
- Etre attentif aux exercices de « transfert ». Nous avons tendance à vouloir évaluer la capacité de l’élève « à appliquer sur des situations voisines et différentes, ce que l’on a appris en situation d’apprentissage ». Cependant, il est difficile de créer des exercices de « transfert » adaptés et il s’avère très souvent que l’écart est trop important (notre sensibilité d’adultes nous induisant en erreur) pour un enfant. Pourquoi ne pas évaluer cette capacité à un autre moment et en faire une évaluation spécifique sur le même principe que ce que nous venons d’expliquer (c’est une idée à creuser).
Les corrections
En ce qui concerne mes corrections, elles sont souvent :
- effectuées de manière différée
- et/ou collectives
- et/ou rendues plus tard sans avoir forcément un retour individuel
- avec seulement la notation et/ou l’appréciation indiquée sur l’évaluation
Cependant, cette façon de procéder n’aide pas les élèves à rectifier leurs erreurs et à ancrer les « bons » savoirs à long terme dans leur mémoire.
Il me semble donc nécessaire de réfléchir aux modalités possibles de faire une correction individuelle et la plus proche possible de l’évaluation afin que les élèves aient un feedback le plus immédiat possible.
Je pense que cela doit pouvoir se mettre en place dans la mesure où je le fais déjà pour les ceintures de compétence, en ayant prévu un créneau spécifique. Avec une évaluation moins longue et mieux pensée, il est tout à fait envisageable de prévoir, dans le créneau de l’évaluation, ce temps de correction individuel en corrigeant les élèves au fur et à mesure de leur rendu.
L’évaluation en elle-même :
Concernant la manière d’évaluer, il peut aussi être intéressant de la penser différement. Il existe trois façons de vérifier le rappel en mémoire, les rappels :
- Libre où l’élève doit répondre à une question,
- Indicé où l’élève peut s’appuyer sur des indices pour retrouver les éléments qu’il a en mémoire,
- Par connaissances sous forme de quizz ou QCM où l’élève doit choisir entre des connaissance déjà proposées),
- sous forme de carte mentale où les élèves doivent réorganiser les différents savoirs.
Voilà pour ma réflexion suite à la lecture des différents articles sur l’évaluation. N’hésitez pas à commenter. Cette réflexion m’a lancée sur pas mal d’autres pistes pour lesquelles je ferai d’autres articles au fur et à mesure de mon avancée.
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